The Power of Doing More With Less
La puissance de faire plus avec moins : Leçons d’un parcours personnel et entrepreneurial à travers continents
Introduction – Quand le “moins” devient une force
Il y a des mots qu’on redoute et qu’on associe spontanément à la faiblesse : “manque”, “limité”, “peu”.
Dans la bouche des entrepreneurs, “moins” sonne comme un handicap. Moins de capital. Moins de relations. Moins d’opportunités. Moins de soutien institutionnel.
Et pourtant, mon parcours m’a appris une vérité à contre-courant : c’est précisément dans ce “moins” que j’ai trouvé la puissance du “plus”.
Faire plus avec moins n’est pas une devise de circonstances. C’est devenu ma philosophie, mon moteur, ma manière de bâtir Africa Venture Group, et aujourd’hui, mon message pour chaque entrepreneur africain qui ose rêver grand avec de petits moyens.
Partie I – Les racines du parcours : de Douala à l’international
Je suis né et j’ai grandi au Cameroun, à Douala. Comme beaucoup de jeunes Africains, j’ai vu la réalité de près : le système éducatif formel, les contraintes économiques, l’environnement parfois hostile aux rêves. Mais j’ai toujours eu cette conviction intime : ce que j’ai entre les mains, aussi petit soit-il, peut être transformé en quelque chose de grand.
Premiers pas – L’apprentissage de la débrouillardise
Au Cameroun, rien n’est jamais “simple”. Pour obtenir un document administratif, il faut parfois plusieurs jours, voire des semaines. Pour monter un projet, on se heurte à des murs invisibles : bureaucratie, scepticisme, manque de financement.
Mais c’est dans ce contexte que j’ai appris la débrouillardise. J’ai compris très tôt qu’il fallait créer ses propres raccourcis, inventer ses propres solutions. Là où d’autres voyaient un obstacle, j’essayais de voir un détour.
C’est ce mindset qui allait devenir la pierre angulaire de mon parcours.
L’ouverture au monde
Mon chemin m’a conduit au-delà du Cameroun, vers d’autres régions d’Afrique : le Nigeria avec son énergie brute et sa frénésie entrepreneuriale, le Ghana et sa patience institutionnelle, la Côte d’Ivoire et son élégance francophone, l’Afrique du Sud et ses infrastructures impressionnantes.
Chaque pays m’a enseigné quelque chose. Chaque expérience, même minime, a élargi mon horizon.
Puis ce fut le Moyen-Orient, la Malaisie, et enfin Houston, aux États-Unis. Là-bas, j’ai découvert la rigueur, la compétition, mais aussi les opportunités infinies pour ceux qui osent persévérer.
Partie II – L’expérience structurante : SLB et l’école de la résilience
Mon passage chez Schlumberger (SLB) a été déterminant. Dans ce géant mondial, j’ai appris les standards, les systèmes, la discipline du travail structuré.
Mais j’ai aussi expérimenté l’écart entre les environnements riches en ressources et ceux où il faut survivre avec très peu. Chez SLB, on avait des moyens, des process, des réseaux globaux. Quand je retournais en Afrique pour travailler sur certains projets, je retrouvais l’autre face : la rareté.
Cet aller-retour permanent entre abondance et pénurie a façonné ma vision : si l’on peut atteindre des résultats exceptionnels avec beaucoup, on doit aussi pouvoir en atteindre avec peu — à condition de changer de mentalité.
Partie III – La naissance d’Africa Venture Group : une vision née dans le “moins”
En 2016, je décide de lancer Africa Venture Group. L’idée est simple et audacieuse : créer une plateforme qui accompagne les entrepreneurs africains dans leurs projets, en leur offrant ce qui manque le plus : structure, accompagnement, mise en réseau, solutions pratiques.
Mais je n’avais ni grand financement, ni investisseurs institutionnels derrière moi. Ce que j’avais, c’était une conviction et une expérience.
Alors, comment faire ?
En appliquant le principe : faire plus avec moins.
Commencer petit, penser grand
Au lieu de chercher à tout faire en même temps, nous avons commencé avec ce qui était faisable : des services ciblés, des accompagnements concrets. Nous avons construit des partenariats plutôt que de tout financer seuls.
Là où certains voyaient la faiblesse — peu de moyens, petite équipe — j’ai vu une opportunité : être agile, rapide, adaptable.
Transformer la rareté en avantage
Moins de budget signifiait plus de créativité. Nous avons appris à maximiser chaque ressource : un seul contact pouvait ouvrir cinq portes, un seul client pouvait devenir un écosystème de références.
C’est ainsi qu’Africa Venture Group s’est développé, pas à pas, jusqu’à devenir une structure connue et respectée au Cameroun et au-delà.
Partie IV – Les leçons pour les entrepreneurs africains
À travers ce parcours, une évidence s’impose : faire plus avec moins n’est pas une contrainte réservée à quelques-uns. C’est la réalité quotidienne de l’immense majorité des entrepreneurs africains.
Mais cette réalité peut être transformée en force.
- Moins de ressources = plus de créativité
Quand vous n’avez pas de budget marketing, vous devenez inventif : vous utilisez WhatsApp, vous bâtissez des relations directes, vous misez sur le bouche-à-oreille.
- Moins de connexions = plus de profondeur
Avec un petit réseau, chaque relation compte. Vous apprenez à cultiver vos contacts, à leur donner de la valeur.
- Moins de capital = plus de discipline
Quand chaque franc compte, vous apprenez à dépenser avec sagesse, à investir là où le retour est tangible
- Moins de sécurité = plus de résilience
Les obstacles forment le caractère. Chaque mur franchi rend plus fort.
Partie V – Messages aux aspirants entrepreneurs
Je parle aujourd’hui à toi, jeune Camerounais qui hésite à te lancer parce que tu n’as pas d’investisseurs. Je parle à toi, jeune Africaine qui pense que ton rêve attend un financement pour commencer.
Non. Tu n’as pas besoin d’attendre. Tu as besoin de commencer.
Commence petit. Agis avec ce que tu as. Ajuste au fur et à mesure. Le reste viendra.
Parce que la vérité est là : les grands projets naissent rarement dans l’abondance. Ils naissent dans la rareté, là où seuls les plus déterminés avancent.
Conclusion – L’appel à l’action
Mon histoire avec Africa Venture Group n’est pas une success story de contes de fées. C’est une histoire de foi, de persévérance, de résilience. C’est une histoire où chaque “moins” a été transformé en “plus”.
Et c’est cela que je veux transmettre :
- N’attends pas que les conditions soient parfaites. Elles ne le seront jamais.
- Utilise ce que tu as, maintenant.
- Crée ton chemin si la route n’existe pas.
- Entoure-toi de partenaires, pas seulement d’investisseurs.
- Transforme les obstacles en opportunités.
- Et surtout : crois, agis, ajuste.
Un jour, toi aussi tu regarderas en arrière et tu comprendras que c’est dans le “moins” que tu as trouvé ton véritable “plus”.
Parce qu’en Afrique comme ailleurs, faire plus avec moins est notre plus grand pouvoir.
✍️ Yannick Rostand Kounga Taptue
Fondateur & CEO, Africa Venture Group